Voyages en voilier en Méditerranée. Algérie à la voile.
1 Décembre 2012
2011 Août/Septembre : ...Ciao, Anak !
Anak..., tant d'années d'incroyables bonheurs, difficultés,émotions, peurs, contraintes, aventures et découvertes, et l'expérience unique d'une navigation en solitaire durant plus de 7 ans.
Janvier 2012 : je quitte définitivement Anak, le nouveau propriétaire l'ayant bien en main.. Ciao, Anak !
Cette belle aventure avait commencé sans attendre ma retraite encore bien lointaine. J'avoue même ne pas y avoir trop pensé :-( !
Bref, ce n'est pas moi qui creuse aujourd'hui le déficit de nos Caisses Retraite !
Les enfants ayant terminé leurs études, je vends mon entreprise pour démarrer de suite la remise en état complète de mon vieil Anak. Je serai donc bien moins riche en Euros, mais tellement plus riche en liberté.
(cliquez sur les liens pour ouvrir les reportages)
J'avais découvert Anak abandonné et mis en vente à St.Jean de Losne. J'adorais ce deux-mâts anglais au look de chalutier de pêche transformé en voilier.
Cela aura donc commencé avec la descente de la Saône et du Rhône, les deux mâts couchés sur le pont. Un super voyage avec mon copain facteur de St Jean de Losne qui habitait une petite péniche aménagée et amarrée en face d'Anak.
Bien utile, le copain, dans les immenses écluses du Rhône... et cool, traverser Lyon par la Saône et le Rhône !
J'avais découvert la navigation fluviale en 1981 quand j'avais revendu ma péniche "Paula", une Freycinet de 38 m que j'avais aménagée près de Bruxelles au retour de mon séjour en Australie et convoyée jusqu'en France où elle coule désormais des jours heureux sur le Rhône en plein centre de Lyon.
Après Lyon - au passage : bonjour à Paula ! - Avignon et Arles, la vraie aventure commençait à Port St Louis pour me diriger vers le beau petit port de Saint Chamas au nord de l'étang de Berre. Mon copain facteur était rentré pour redistribuer son courrier.
Bref, ...enfin seul sur Anak :-) !
Surtout ma première petite nav en mer avec ce bateau pour la traversée du Golfe de Fos ! J'ai mis à fond 'we are the champions' de Queen et je dansais comme un excité ou débile, je ne sais plus... !
A Saint Chamas j'ai attendu que se libère une place dans Port Maritima à Martigues pour entreprendre enfin cette remise à neuf complète du bateau.
Presque un an de travaux 7jrs/7, se terminant par la mise à l'eau d'un Anak complètement transformé et repeint à mon goût.
De Martigues, direction le Frioul et les îles de Lérins en face de Cannes avec Lisa et Gilles à bord.
C'est là qu'a commencé la vraie navigation en solo vers la Corse pour rejoindre ensuite l'île d'Elbe et son beau port de Portoferraio, puis la côte italienne jusqu'à hauteur de Rome. Les marinas italiennes étant trop chères et trop bling-bling pour Anak, retour sur le sud de la Corse, ensuite direction Sardaigne, un détour et court séjour bien moins heureux à Altea et cette horrible côte espagnole méditerranéenne toute bétonnée, chère et inhospitalière.
Voici Gibraltar puis le nord du Maroc où je suis resté près d'un an, tellement ce pays est beau. J'avais acheté à Ceuta une vieille Peugeot 205 avec laquelle j'ai parcouru des milliers de kms entre Tanger, l'Atlas, la merveilleuse ville de Chef-Chaouen dans le Rif et le Sud jusque Casablanca. Surtout Tanger..., comment ne pas aimer Tanger.
Lessive au Maroc...
Dans le présent blog, je ne raconte pas cette première navigation, on trouve suffisamment de récits sur le Net concernant nos belles côtes françaises et italiennes, la côte espagnole méditerranéenne bien moins intéressante et la côte marocaine où je suis resté plusieurs mois.
Suivit ensuite la très belle et inoubliable aventure algérienne et ses 12 ports successifs, un de mes plus beaux souvenirs tant l'accueil des algériens fut chaleureux. Une côte merveilleuse mais des conditions de navigation peu faciles, absence de cartes fiables, météo très capricieuse pour être gentil et pas un voilier à l'horizon durant toute cette navigation côtière ! Ça j'aime ! ( 2008 - 1a Algérie en voilier - Ghazaouet - Beni-Saf
Je quitte finalement Annaba en Algérie pour passer un été à Tabarka dans le nord de la Tunisie agrémenté du séjour à bord de Lisa, enceinte, et Gilles.
Abandon du Maghreb à nouveau en plein Ramadan, pour rejoindre la Sicile via Pantalleria avec une halte superbe dans le petit port de Syracuse. Entorse au budget, mais c'est tellement magique d'être amarré devant Ortigia que je préférais ne manger que des pâtes pour payer ce port vachement cher. ( 2008 - 2b La Sicile )
De Syracuse, après 3 jours et deux nuits de traversée magique, je me suis enfin retrouvé dans les eaux grecques que j'allais explorer durant plusieurs années. Ayant déjà navigué auparavant en mer Ionienne, j'ai de suite pris le Golfe de Corinthe pour rejoindre la mer Egée.
Cela en fait un bout de chemin, de rencontres et d’expériences depuis 2004 !
Je ne suis pas un grand marin, je serais plutôt un caboteur par choix et plaisir. Mes errances méditerranéennes étaient bien plus motivées par la découverte de nouvelles côtes et petits ports que de voile ou performances pures pour voileux. Cela a toujours été ainsi et je n'aime pas trop m'enfermer dans un ghetto, le milieu de la voile en est souvent un.
Vivre durant plusieurs années seul à bord d’Anak est quelque-chose d'inoubliable. Je ne parle pas de l’aspect navigation, ou des manœuvres de port parfois périlleuses quand on est seul à la manœuvre d'un deux-mâts de plus de 12 tonnes. Je n'en conserverai d’ailleurs que les bons souvenirs.
Mais c’est aussi cette disponibilité et ouverture aux autres qu’offrait le fait d’être seul.
Les autres ? Ce sont quelques fois des bateaux étrangers de rencontres,
mais tellement plus important, intéressant et agréable sont les liens créés avec les habitants ou navigateurs locaux de ce merveilleux pays qu’est la Grèce et le nord-Egée. Je conserve quelques amis incroyables à l’issue de cette aventure..
Je ne vais pas m’attarder sur la crise ou situation grecque. On en parle déjà trop, des vérités souvent, mais aussi des n’importe quoi. Puis, avec notre image de rentiers pas trop à plaindre sur nos voiliers que peu de grecs pourraient se payer, on n'est vraiment pas les mieux placés pour juger ou faire de la morale.
Aimons les grecs pour leur convivialité, ce rythme de vie cool devenu inexistant chez nous, leur gentillesse et hospitalité absolument extraordinaires. Devenez l’ami d’un grec, vous serez confondu ! J’aime leurs tavernas où vous pouvez rester assis des heures devant un seul petit café grec, sans que l’on vous fasse jamais sentir que : "ou vous consommez, ou vous libérez la table", et ce même si la taverna est bondée !
Ce deuxième blog plus complet que le précédent sur Free avait été créé durant un hiver passé sur l'île d'Egine au Sud d’Athènes pour une meilleure liaison directe avec mes filles et quelques amis. Un an plus tard, la magie d'Internet me donnait déjà plus de 35000 visites ! En 2012 plus d'un demi-million de pages visitées !
Ainsi est venue l'idée de mieux partager cette petite aventure.
Je relate cette fois mes aller-venues depuis les îles Ioniennes jusqu’en mer Egée. Un hiver sur Egine où me rejoignaient ma fille Nora et son compagnon Franck (2009 - 10. Nora, ou une Sirène dans le Saronique, l'exploration du Nord Egéen après une boucle rapide dans les Cyclades, bien trop touristiques à mon goût. Le blog reprend aussi en partie la navigation et albums photos depuis mon départ de Martigues.
Les Sporades - Skopelos, et surtout Lesbos à l’est de l’Egée Nord restent parmi les endroits les plus marquants de ces années d’errances en Grèce. Skopelos m'est particulière ayant séjourné sur cette île en 1972.
Je terminerai donc l'aventure Anak à Lesbos. J’y étais retourné ces deux dernières années, préférant par contre hiverner avec Anak dans le détroit d'Eubée plus près d'Athènes.
(Evoiko Center & la formidable famille Zacharias à Halkoutsi)
L'été Michèle ( Lesbos-Molivos-Aout-2010 ) me rejoignait sur Anak, elle adore Lesbos après avoir déjà tant aimé les Sporades. Le dernier été il y avait aussi la petite famille de ma fille Lisa. Je regrettais très fort l'absence d'un second séjour de Nora et Franck avec cette fois la petite Lou.
Michèle à Molivos
Lisa et Gilles à Lesbos
Nora et Franck qui découvrent l'Argolique et Saronique sur Anak.
( 2009 - 10. Nora, ou une Sirène dans le Saronique )
Enfin, la solitude, belle école de vie, mais après tant d’années, ça va.., une fois suffit, j’ai donné. 'Papa, tu commences à devenir un peu ours'. OK, j'ai compris..
Bref, éternel instable, j'en avais marre et depuis un an s’insinuait de plus en plus l’idée d’un nouveau changement de vie. Je n’en suis pas à un changement près, j’adore, et c’est aussi un nouveau challenge. Puis vu mon âge, ça urge ! Je n'allais pas tourner en rond pendant des années en Egée alors que tant d'autres choses me tentaient encore !
Assez navigué, basta le bateau, repassons à autre chose et surtout les voyages dans monde entier. Et enfin mieux partager cette nouvelle tranche de vie avec Michèle me séduisait beaucoup.
A vrai dire, et ceux qui me connaissent vont sourire…: quand s’insinue l’idée d’un changement de cap dans ma vie, ce qui veut donc aussi dire que je vais arrêter de naviguer, ..là, dans ma tête, c’est déjà fait :-) !
En juillet, mes grands amis Françoise et Thierry du voilier 'Troll' me rejoignent à Molivos sur Lesbos. Je leur parle de mon souhait de changement.
Ils me connaissent.... On a passé un hiver ensemble à Halkoutsi en Eubée où j'avais remis un peu en état leur électricité à bord. Ca c'est l'entraide de la mer. Bon, ok, j'étais payé en apéros et crêpes, ce qui avec Troll n'est pas une mince affaire !
( http://lepetitmondedetroll.fr/topic/index.html )
- ‘Bref, José, dis-le : tu vas vendre Anak !’
Ils me regardaient comme si j'étais un extra-terrestre, quitter cette vie ! Vendre Anak ! Ben oui... J'avais rêvé d'aller avec Anak jusque Pondichéry au Sud-Est de l'Inde, ce pays fascinant que j'avais parcouru dans tous les sens lors d'un long périple par la route Bruxelles - Sydney et retour en 1974/75.
La mer Rouge était devenue peu sûre, et tout seul...., vu mon âge aujourd'hui.. Puis la mythique Pondychery était désormais colonisée par la riche middle-class indienne... pas ma tasse de thé..
Pourquoi ne pas prendre alors quelqu'un à bord pour une suite ? Oh non, pas envie : ou seul, ou rien.
- 'Heu, et bien oui !…, on verra l’hiver prochain, Anak sera au sec à Halkoutsi et j’aurai le temps d’organiser cela. Avec la crise, il me faudra sans doute des années pour trouver un acquéreur, surtout pour un deux-mâts tout de même très spécial vu son look, taillé pour le grand voyage avant tout et donc à déplacement lourd. Puis les ports sont pleins de bateaux à vendre.'
Thierry me parle alors d’un fervent lecteur de nos sites et qui nous envoyait souvent des messages en disant qu’il rêvait d’un bateau comme Anak.
- ‘Je peux lui écrire et lui dire que tu envisages peut-être de vendre Anak ?’
- 'Oui, oui, Thierry, bien-sûr !'...
J’escomptais devoir peut-être passer des années à faire des AR en avion en Grèce pour entretenir et essayer de vendre Anak. Anak, c'est vraiment tout sauf un voilier classique de série.
Je vais abréger : 15 jours plus tard, notre lecteur passionné, Pierre, m’avait déjà contacté par internet que j'avais à bord et voulait venir de suite à Mithylène. - 'Hé ho, ok pour votre arrivée mais après les départs de Michèle et la petite famille Lisa, Gilles et Oscar, ..et là on verrait ensemble'.
Pierre est donc arrivé fin août. Je l'attendais près de Mithylène dans la petite baie abritée de Loutra où j'avais à nouveau jeté l'ancre devant une taverna que j'adorais. On a de suite traversé plein sud de Lesbos vers Chios et Iounissa toutes voiles dehors avec des poussées de vent très favorables, même plus que favorables, il y avait justement un coup de Meltem en Egée nord !
Aller-retours entre Iounissa, Chios port ou à côté sa marina inachevée et abandonnée (encore des millions dépensés par l'Union Européenne - donc nous..-, décisions d'euro-technocrates nuls et en partie responsables du désastre grec), puis une pointe vers le petit chantier de Tholos perdu au fond d'une crique déserte au nord de Chios. Seul les pêcheurs et les initiés connaissent. Merci Thierry, ce genre de renseignements justifie aussi nos blogs partagés...
On y a sorti Anak de l’eau durant quelques heures afin que Pierre puisse au moins vérifier la coque, état et jeux de l’hélice et du safran. Mais Anak est bien entretenu, rien à craindre. J'en profite pour réparer quelques éraflures, nettoyer la coque et remettre une belle couche d'antifouling.
Début septembre..., Pierre et moi venons de boire un Ouzo dans une des tavernas du port de Chios tout en discutant d'Anak.
Pierre: - 'José, Anak me plait, c'est le bateau dont je rêve depuis toujours'.
Bref, ...je remonte un peu plus tard à bord pour envoyer un courriel à Michèle et à mes filles : ' Anak est vendu ! '
Incroyable ! Si rapidement !!
C’est donc la grande nouvelle qui annonce aussi la fin du site ‘Les Anakonautes’ sous sa forme 'navigation'.
Suivra une semaine éprouvante pour Pierre, que des manœuvres, apprentissages, techniques, vidange moteur devant lui, etc... Le pauvre n'en pouvait plus quand on s'est quittés. Vrai qu'Anak avec ses 12 tonnes..
Ciao Anak !
Aujourd'hui, Pierre et sa copine se débrouillent super bien. On les a retrouvé l'été dernier à Rethminon en Crète, Anak était toujours en super-forme !
Je suis rentré le 14 septembre en France et à Dijon. Mes filles et Michèle sont contentes, car ma présence remplace l’image du marinero solo toujours trop loin. Parait que je deviens déjà moins sauvage ??
Suivirent encore plusieurs AR Dijon - Grèce pour aider Pierre à mener Anak, assumer l'entretien, etc. C'est mon service SAV, ca aussi, c'est la mer et l'entraide. Mon dernier AR et donc adieu à Anak avait lieu début 2012.
Et je vous l’avoue: des années formidables sur Anak, oui, mais pas un regret de me retrouver à terre. La tête était déjà pleine de nouveaux projets et surtout beaucoup de voyages au travers le monde avec Michèle. Nous sommes tombés amoureux de l'Asie et de l'Amérique du Sud, ça me change !
L'émotion fut pourtant grande quand j'ai quitté Anak, ce bon vieux compagnon si fidèle et si rassurant en pleines tempêtes. Un mélange de joie de tourner la page pour quelque chose de nouveau, un peu d'angoisse parce que la vie nous apprend la fragilité des choses, les décisions nouvelles et un avenir partagé tous les jours à nouveau.
La dernière photo d'Anak, au quai à Iounissa, restera toujours gravée dans ma mémoire. J'avoue avoir eu un sacré moment de blues... Pierre me regardait de loin, et sensible à ma drôle de gueule, a respecté ce moment de grosse solitude.
Merci à vous tous qui avez suivi ‘les Anakonautes’ durant toutes ces années. Je ne m'attendais pas à autant de monde.
Bonne continuation à vous, Bernadette et Pierre, et à Anak qui est un bon bateau et fut un compagnon fidèle pour partager toutes ces années d'émotions...:-)